Chapitre
3: Les blocs d'alimentation
Le bloc d’alimentation convertissant le courant alternatif
en courant continu est, sans contredit, le plus utilisé. La plupart des
circuits électroniques, exigent du courant continu. Ce type de bloc
d’alimentation permet l’utilisation de la ligne standard à 60 Hz pour
fournir la puissance requise aux circuits électroniques. La plupart des blocs
d’alimentation alternatif-continu se composent d’un système semblable à
celui-ci.
- Isolement entre l’équipement et le secteur ;
- Transformation de la tension alternative (120 volts, 60 Hz) en une
tension plus faible ou plus élevée selon le cas.
Tous les régulateurs linéaires comprennent les éléments suivants :
- Circuit de régulation
- Élément de référence (diode zener en général)
- Circuit d’erreur rebouclé sur la régulation
1.
Le redressement
Un circuit redresseur transforme une tension alternative en une tension CC pulsée. Il existe différents types de redressement, les uns ayant des avantages par rapport aux autres.
1.1.
Redressement demi-onde simple
Lorsque la tension alternative Es est positive, celle-ci oblige la diode à conduire. Le demi-cycle positif de Es se retrouve donc aux bornes de la résistance. Lorsque le potentiel de Es est négatif, la diode est alors polarisée en inverse et se comporte comme un circuit ouvert. Aucun courant ne parcourt le circuit et le potentiel aux bornes de la résistance demeure nul. On trouve dans ce circuit les formes d'ondes de la figure suivante. La fréquence aux bornes de la résistance est de 60 Hz.
1.2. Redressement pleine-onde avec un transformateur à prise médiane
Un transformateur ayant une prise médiane, lorsque
celle-ci est branchée à commun, possède deux sorties déphasées l’une par
rapport à l'autre de 1800. Dl
conduit durant l'alternance positive de ES1
tandis que D2 le fait durant celle de ES2 1800 plus tard. On retrouve ainsi aux bornes de RL
les alternances positives de ES1
et ES2 une à la
suite de l'autre, produisant ce qu'on appelle du "pleine-onde". La fréquence
du signal aux bornes de RL est 120 Hz. Voir les formes d'ondes de la figure suivante.
D1 est bloquée durant l’alternance négative de ES1. D2 pendant ce temps conduit car l’alternance de ES2 est positive. La tension aux bornes de la diode D1 est alors :
VAB
= ES1
crête + ES2
crête – VD2
= 2 ES
crête – 0.7
1.3.
Redressement pleine onde à l’aide d’un “pont”
Afin de réaliser
cette tâche, ce circuit possède quatre diodes et le transformateur n’a pas
besoin d’une prise médiane (voir figure ci-dessous).
À la figure ci-dessus, D1 et D2 conduisent ensemble lorsque ES est positive et on retrouve aux bornes de RL
l’alternance positive de ES
moins La chute de tension de D1 et D2. On note les polarités aux bornes de RL.
Lorsque ES est négative
ce sont D3 et D4 qui conduisent et on retrouve aux bornes de RL l’alternance négative de ES.
On note que les polarités aux bornes de RL
sont les mêmes que lors de l’alternance positive de ES.
Le courant circule donc toujours dans le même sens dans RL peu importe les polarités de ES. La fréquence de l’onde aux bornes de RL est de 120 Hz.
Les formes d’ondes dans ce circuit sont les suivantes :
D1 et D2 sont bloquées durant
l’alternance négative de ES alors que D3 et D4 conduisent. La tension
aux bornes de la diode D1 est alors : VAB = ES crête – 0.7
1.4. Redressement bipolaire
Ceci est une répétition du redressement pleine-onde avec un
transformateur à prise médiane. On utilise, en parallèle, deux circuits de ce
genre; un pour les alternances positives de Es1 et Es2 et un autre pour les
alternances négatives Es1 et Es2. Le circuit alimente deux charges : une avec
une tension pulsée positive et l'autre avec une tension pulsée négative par
rapport à commun.
Formes d’ondes
Voici la manière courante de le dessiner
1.5. Valeur moyenne d’une tension de sortie
La valeur
moyenne de la tension de sortie est la mesure que l’on obtient en branchant un
voltmètre continu aux bornes de sortie du redresseur
Exemple : analogie physique
On parcourt
en voiture un itinéraire d’une durée de 60 minutes. Ce trajet est divisé en
quatre étapes de 15 minutes.
Étape |
Vitesse |
Distance parcourue |
1 0 à 15 min |
120 Km/h |
30 Km |
2 15 à 30 min |
40 Km/h |
10 Km |
3 30 à 45 min |
160 Km/h |
40 Km |
4 45 à 60 min |
80 Km/h |
20 Km |
En une heure, on a
parcouru au total une distance de 100 Km. Or effectuer ce trajet de 100 Km en
variant la vitesse, c’est exactement comme si on avez roulé à une vitesse de
100 Km/H pendant la même période. Cette vitesse constante avec laquelle on
peut parcourir la même distance est la vitesse moyenne du véhicule pendant les
60 minutes.
Mathématiquement la vitesse moyenne est égale à :
120
+ 40 + 160 + 80
-------------------------
= 100 Km/H
4
La
même loi mathématique s’applique aux circuits redresseurs.
a)
Redresseur demi-onde
Lorsque vous faisiez la moyenne de vos notes à l’école, vous additionniez vos notes, puis vous divisiez le total ainsi obtenu par le nombre de notes. Pour trouver la valeur moyenne d’une forme d’onde, nous utilisons exactement la même technique.
La
méthode qui donne la solution exacte dans le cas d’une forme d’onde sinusoïdale
est appelée intégration :
Vmoy
= ∫p0
Vmax sin wt
. dt (1 alternance)
V
moy = Vmax / p
= 0.318 Vmax
b)
Redresseur pleine onde
V
moy = 2 x Vmax / p
= 0.636 Vmax
2.
Le filtrage
Les petites variations qui
apparaissent à la sortie du bloc d’alimentation sont appelées ondulations.
Ce sont des composantes de la tension alternative et font partie de la tension
continue, à la sortie du filtre. L’ondulation peut s’exprimer en volts ou
en pourcentage de la tension de sortie. Plus l’ondulation est faible, plus la
tension de sortie est pure. 2.1.
Principe Le
circuit de filtrage le plus répandu est le circuit de filtrage avec un
condensateur. Le condensateur est branché à la suite du redressement. Grâce
au condensateur on retrouve une tension continue fixe à la sortie du bloc
d'alimentation. Le circuit peut avoir l'air de la figure suivante En 1: Lors
du premier cycle le condensateur se charge jusqu'à Es crête -0,7 V et accumule
ainsi de l'énergie. En.2: Le condensateur se décharge ensuite dans la
charge dépensant ainsi d'une manière étalée l'énergie accumulée
auparavant. En 3: Le condensateur se recharge en récupérant
l'énergie dépensée en 2. En 4: Lire 2 Lire 3, lire 2, lire 3 etc. 2.2.
Ronflement. La variation de tension aux bornes du condensateur
causée par la charge et la décharge est appelée ronflement et notée (Er). La
tension de sortie sera la tension moyenne. La fréquence du ronflement dépendra
du type de redressement utilisé. On exprime la valeur de la tension de
ronflement en volts crête à crête.
EOUT
DC = EMOY
= (Es crête -VD)
– (Er / 2)
où: Es crête = la tension crête au secondaire du transformateur.
VD = la tension chutée par la ou les diodes du redressement.
Er = tension
de ronflement c.à.c.
Indice de
ronflement: (Ripple Index).
h = Er / Emax.
% de
ronflement = h x 100%
La majeure
partie du filtrage est effectuée par le condensateur. De nombreux concepteurs
utilisent la règle du 10 % qui conseille de choisir un condensateur qui
maintient l’ondulation crête à crête à environ 10 % de la tension de crête.
Une telle ondulation semble trop grande mais il n’en est rien. On améliore le
filtrage à l’aide d’un régulateur de tension.
2.3. Forme d’onde aux bornes de la diode.
L'allure de la tension aux bornes de la diode se trouve à être, entre la cathode et l'anode une source DC à peu près fixe (VC ) et un signal alternatif (Es).
Lors du
redressement et du filtrage, le condensateur se déchargeant graduellement après
avoir été chargé à Es crête -0,7V, se fait recharger au travers la diode à
l'instant où la tension Es du côté de l'anode est plus haute que VC
du côté de la cathode.
Une impulsion de courant traverse
la diode le temps de charger le condensateur et durant cette impulsion la diode
chute son 0,7 V.
La diode
demeure en inverse le reste du temps. Lorsque Es est à sa valeur crête en
inverse, on atteint le “PIV” de la diode (Peak Inverse Voltage). C'est à ce
moment que VC et
Es additionnées ensembles créent la plus haute tension que la diode aura a
endurer en inverse. Il faudra choisir la diode redresseuse en fonction de cette
situation. On estime, dans ce circuit simple, que le PIV est égal à 2 x Es crête
– 0.7 V.
2.4. Calcul du condensateur.
Afin d'évaluer la capacité du condensateur nécessaire il faut connaître nos besoins qui sont:
a) La tension et le courant désirés à la charge (Eo moy. et 10 moy.).
b) La quantité minimale de ronflement (Er).
c) Le type de redressement utilisé (pleine-onde ou demi-onde).
On se rappelle
sûrement que:
Q
= C x V
Le courant
par définition est: I = Q / t => Q = I x t
Alors C x V =
I x t è
I = C x V / t
On voit ainsi
que le courant circulant dans un condensateur dépend de combien la tension
change et en combien de temps. Si la tension aux bornes d’un condensateur de 1
Farad varie de 1 Volt en 1 seconde il y circule alors-un courant de 1 Ampère.
En effet pour qu'un courant circule dans un condensateur il faut faire varier la
tension à ses bornes. On peut écrire l'équation ainsi:
I
= C x DV
/ Dt
Si
on rapporte ça à une période du signal (Dt
= T) et que l’on note Er
%
=
DV, alors :
I = C x Er / T
I est le courant moyen dans la charge
T est la période du signal
Er est la variation de tension aux bornes du condensateur
On peut écrire la formule simple :
I OUT
C
= -------------
Er x F OUT
Où FOUT =
60 Hz en demi onde et 120 Hz en pleine onde
N.B. :
Si la source alternative est autre que l'Hydro-Québec (60 Hz), il faudra considérer
la fréquence utilisée. Par exemple dans les véhicules de transport les fréquences
de 400 Hz et de 1 KHz sont très répandues.
Les
approximations nous permettent d'éviter des calculs trigonométriques
fastidieux. Les résultats obtenus sont très raisonnables, Si on demeure en deçà
de 10% de ronflement. Le condensateur calculé aura une valeur légèrement supérieure
au calcul précis. À 5% de ronflement le condensateur trouvé a une capacité
de 5% plus haute que le calcul précis et à 10% de ronflement, 20% plus gros.
De toute façon sur le marché, la tolérance des condensateurs de filtrage est
de -20% + 80%. Ce qui fait qu'on demeure dans la bonne marge.
Exercice 1 :
Soit le circuit suivant :
Choisir le condensateur C (capacité normalisée la plus proche) du filtre de la figure précédente pour obtenir une ondulation d’environ 10 % de la tension de charge pour une résistance RL de 3.9 KW.
------------------
VS crête = 12.6 / 0.707 = 17.82 volts
V RL = VS crête - 0.7 = 17.82 - 0.7 = 17.12 volts
F out = 60 Hz (redressement
demi-onde)
Vond = 10 % de V RL = 0.1 x
17.12 = 1.7 volts
C
= I out / F x
Vond Avec I = VRL
/ RL
= 17.12 / 3900 = 4.39 mA
C = 4.39 mA / 60 x
1.7 = 43 µF (47 µF normalisée).
Exercice 2 : soit le circuit
suivant :
Choisir le condensateur C (capacité normalisée la plus proche) du filtre de la figure précédente pour obtenir une ondulation d’environ 10 % de la tension de charge.
-----------------
VS crête = 36 / 0.707 = 50.9 volts
VRL = VS crête - 1.4 = 50.9 - 1.4 = 49.5 volts
F out = 1200 Hz (redressement
pleine onde)
Vond = 10 % de V RL
= 0.1 x 49.5 =
4.95 volts
C = I out / F x Vond Avec I = V RL / RL = 49.5 / 100 = 495 mA
C = 495 mA / 120 x
4.95 = 833 µF (1000 µF normalisée).
2.5. Courant de mise en fonction.
Au moment où l'alimentation est mise en fonction,
la première charge du condensateur va demander un courant plus intense. Ce
courant est appelé “I surge”. Durant le ou les premiers cycles d'opération
de l'alimentation, un effort plus important est demandé au transformateur afin
d'emmener rapidement la tension aux bornes du condensateur de filtrage à EMAX.
Le courant
traversant la diode redresseuse est évidemment le courant qui charge le
condensateur. C'est pour cela qu'il est important de considérer le “I surge”
lors du choix du redresseur.
Le cas présenté ci-dessus est celui; où chanceux:, le manipulateur met l'appareil en marche exactement au début de l'alternance positive de Es.
Le pire cas
serait de mettre l'appareil en marche à exactement 90° , c'est-à-dire
sur la crête de Es. Le courant I surge sera déterminé ainsi:
R INT = Résistance interne du transformateur
ES = Tension du secondaire
RB R Bulk de la diode
RL
= Résistance de charge
Il s’agit de
faire un circuit de thévenin de tout cela :
VTH
= ESMAX
(à 900) – VD
RTH
= RINT
+ R Bulk
I
surge max = VTH / RTH
Il est évident, à cause de la résistance totale du système, que le
condensateur ne se chargera pas complètement lors du premier cycle et cela
pourrait avoir l’allure suivante :
2.6. Protection :
- Par fusible après le bloc
On
peut utiliser un fusible à fonte rapide (Fast Blow) pour une protection simple
et rapide du circuit et/ou du bloc d’alimentation. Un fusible à fonte lente
(Slow Blow) fait le même travail que précédemment mais ce type de fusible
acceptera des surcharges transitoires. Le facteur de sécurité recommandé est
de 1.25. La valeur maximum du fusible doit être environ 1.25 fois le courant
demandé normalement par la charge. Par exemple si un circuit est fait pour
fonctionner à 1 ampère, un fusible de 1.25 A sera choisi pour protéger le
circuit.
- Par fusible au primaire du transformateur
Cela
permet de protéger le transformateur et le circuit. Si la charge devenait trop
importante, le pont de redresseurs en souffrirait. La surcharge sera stoppée
par le fusible au primaire. Il est cependant conseillé d’utiliser un fusible
à fonte lente à cause de la surintensité (I surge) lors de la mise en route
de l’appareil.
3. Stabilisation et régulation de tension
3.1. Nécessité
La charge
appliquée à l’alimentation est susceptible de varier au cours du
fonctionnement pour satisfaire aux besoins de l’appareil (plus de volume, plus
de lumière, plus de contraste etc.). Cette variation de charge est courante
pour les appareils. Pour minimiser les effets de variations de charge sur
l’alimentation, on introduit un dispositif appelé stabilisateur de tension
entre le filtre et la charge. Ceci donne lieu à une plus longue durée de vie
des composants et à une interruption moins fréquente de service.
3.2. Dispositif de stabilisation
Les variations de débit d’une alimentation peuvent être causées par les trois facteurs suivants :
§ Instabilité de la source d’alimentation (réseau d’Hydro Québec) ;
§ Écarts de température ;
§ Changements de charges.
Un
stabilisateur de tension idéal doit être susceptible de compenser ces trois
facteurs. Le cœur d’un circuit de stabilisation de tension est constitué par
le dispositif le plus répandu: la diode zener.
3.3. La diode zener
Elle est montée dans le circuit de façon que son anode soit reliée au négatif et sa cathode au positif
3.4.
Circuit élémentaire de stabilisation :
Pour exercer son rôle de
stabilisateur de tension, une diode zener doit être traversée par un courant
de polarisation (de l’ordre de 20 mA pour les diodes de puissance inférieure
à 1 watt) et sa tension d’alimentation doit être supérieure à sa tension
de zener. Une résistance de limitation de courant Rs doit toujours précéder
une zener afin de la protéger.
I Rs = 40 mA + 20 mA = 60 mA (cas le plus défavorable)
Rs = (36 - 24) / 60 mA = 200 W