Chapitre
8:
Les classes d'amplification
Nous venons de
voir la fonction amplification appliquée dans les trois montages fondamentaux
du transistor. (Ces montages offrent des caractéristiques de gain, de phase et
d’impédances différentes). Il existe
plusieurs classes d'amplification : classes A, B, C et d’autres d'usage
moins courant. Jusqu'à présent nous n'avons étudié que des montages polarisés
en classe “A”. Les différentes classes d'amplification permettent d'obtenir
des linéarités et rendements différents.
1.
La classe
d'amplification ne dépend que de la polarisation :
C'est
le positionnement du point de repos sur la droite de charge qui détermine la
classe d'amplification. On peut le faire évoluer du point de blocage au point
de saturation par le choix judicieux de quelques résistances.
2.
La classe A :
Pour faire fonctionner un amplificateur en classe A, on doit positionner le point de repos Q (Quiescent en anglais) au milieu de la droite de charge. Ceci signifie qu'au repos (sans application du signal) un courant IC permanent circule dans le transistor.
Comme nous l'avons vu, le
signal d'entrée superposé à la polarisation continue va déplacer le point Q
sur la droite de charge. On veillera naturellement à ne pas atteindre les
limites que sont les points de blocage et de saturation sous peine d'avoir un
signal distordu.
La
figure ci-dessous représente la caractéristique IC
en fonction de IB.
En classe A, le courant circule tout au long d'un cycle, on dit que l'angle de
conduction est de 360°. Ceci donne une excellente linéarité (la forme du
signal de sortie est rigoureusement identique à la forme du signal d'entrée)
mais le circuit s'avère gourmand en énergie car le rendement (puissance
fournie sur puissance consommée) atteint péniblement 50%.
La
classe A est très utilisée en basses fréquences et dans les étages bas
niveau en hautes fréquences.
Résumé des caractéristiques de la classe A :
-
Excellente linéarité
-
Rendement moyen (max 50%) car
sans
signal d'attaque, le transistor consomme la puissance VCE
x IC)
3.
La classe B :
Nous venons de le voir, l'inconvénient
majeur de la classe A est son mauvais rendement, ceci se traduit par un dégagement
de chaleur non négligeable. L'idéal serait de pouvoir supprimer le courant de
polarisation un certain temps.
Ceci est réalisé par la classe B où l'on amène le transistor à fonctionner sans signal d'attaque juste au point de blocage (“cutoff”). Dès que l'alternance positive du signal d'attaque sera présente, le transistor se débloquera et conduira.
Le
point de polarisation est à IC =
0, le transistor est à peine bloqué.
Le signal d'attaque débloque
le transistor durant un demi-cycle. L'angle de conduction est de 180°.
Il est évident que le rendement
sera meilleur puisque le transistor ne consomme plus inutilement de la puissance
au repos, en revanche la sortie ne restitue qu'une alternance sur deux. De plus,
comme le déblocage du transistor est lié à la présence du signal d'attaque,
pour les petits signaux, le transistor ne travaillera pas dans une partie droite
de sa caractéristique et l'amplificateur ne sera pas linéaire.
Pour amplifier de manière égale les deux alternances, nous avons recours au montage PUSH-PULL (Pousser - Tirer) composé de deux transistors. L'un (NPN) amplifie l'alternance positive, l'autre (PNP) l'alternance négative.
Le
montage push-pull nécessite une attention particulière quant à la distorsion
de passage ou de recouvrement, dite “cross-over”. Cette distorsion a lieu
lors du changement d'alternance.
Voici
le signal de sortie d'un amplificateur push-pull classe B. On mesure très
nettement la distorsion lors du changement d'alternance. On remédie à ce problème
en augmentant légèrement l'angle de conduction de chaque transistor qui
devient > 180° au détriment naturellement du rendement.
Résumé des caractéristiques de la classe B :
- Bon rendement (60%)
- Distorsion de croisement
- Nécessité d'un ensemble symétrique
4.
La classe AB :
Nous sommes confrontés au dilemme suivant :
- nous avons besoin de
puissance
- nous avons besoin de
linéarité
- nous ne voulons et ne
pouvons pas concevoir des systèmes à trop faible rendement.
Pour
essayer d'apporter une réponse à peu près cohérente aux points évoqués
ci-dessus, la technique nous offre la classe AB.
Principe
: pour éliminer
la distorsion de croisement, les deux transistors de l’arrangement push-pull
doivent être polarisés légèrement au-dessus du blocage lorsqu’il n’y a
aucun signal. Cette variante de l’amplificateur classe B représente la classe
AB.
Cette polarisation, inférieure à ce qu'elle serait en classe A, permet au transistor de peu débiter sans signal. La linéarité naturellement en souffre mais nous chargerons l’amplificateur par un circuit de sortie qui aura, entres autres, la fonction de filtrer les harmoniques produits par ces non-linéarités.
L’alimentation
double polarité n’est plus requise lorsque la résistance de charge est couplée
par condensateur. Lorsque les caractéristiques des diodes D1 et D2
sont assorties de près aux caractéristiques de transconductance des
transistors, une polarisation stable peut être maintenue en dépit de la température.
Résumé des caractéristiques de la classe AB :
- Rendement moyen
- linéarité acceptable
5.
La classe C :
Très utile dans les multiplicateurs de fréquence et d'une manière générale à chaque fois que l'on a besoin d'un amplificateur fortement non linéaire, elle est utilisée dans l'amplification de puissance. Le principe est simple : il suffit que le dispositif amplificateur conduise seulement sur une fraction très faible du cycle, de manière à ne délivrer qu'une impulsion de forte puissance.
5.1
Fixation du niveau DC
Durant la première alternance positive, la diode est polarisée en
direct, le condensateur se charge à la valeur crête moins 0.7 volt soit
(12-0.7) = 11.3 volts
Pendant l’alternance négative, la diode est bloquée. À ses bornes, on a deux sources de tensions en série : la source alternative et le condensateur chargé à 11.3 volts.
Dans le cas d’un amplificateur en classe C, la diode D est représentée par la jonction base-émetteur du transistor (voir figure suivante). Ce dernier ne conduira qu’un court instant sur les crêtes positives du signal qui se retrouve sur sa base. La jonction base-émetteur et le condensateur C permettent de verrouiller négativement le signal comme le montre la figure précédente.
Bien évidemment, le dispositif sera fortement non linéaire, et il faudra
restituer la partie manquante du signal par un circuit accordé à fort
coefficient de qualité.
La figure ci-dessus le laisse
apparaître clairement, seule une partie du signal d'entrée est amplifiée car
elle a l'amplitude nécessaire pour débloquer le dispositif amplificateur qui
est fortement polarisé pour le blocage. On obtient des impulsions en sortie de
forte amplitude. Comme le dispositif n'est pas linéaire on l'utilise pour réaliser
des mélangeurs, des multiplicateurs de fréquence. Le rendement est excellent
et atteint 75%.
5.2
Polarisation par circuit de fixation d’un amplificateur classe C
La
jonction base-émetteur fonctionne comme une diode. Lorsque le signal d’entrée
devient positif, le condensateur C1
se charge à la valeur crête. Cette action produit une tension moyenne
d’environ (– V crête). Le transistor est alors actionné en blocage sauf
durant les crêtes positives, pour lesquelles le transistor conduit pendant un
court instant. La constante de temps R1
x C1 doit
être plus grande que la période du signal d’entrée.
La
fréquence de résonance du circuit LC2 est F
= 1 / 2p. La brève
pulsation de courant au collecteur pour chaque cycle de l’entrée amorce et
maintient en marche l’oscillation du circuit résonant pour produire une
tension sinusoïdale à la sortie.
Différentes étapes
d’un cycle
La
pulsation du courant charge le condensateur C2
à une valeur d’environ +VCC.
Après la pulsation, le condensateur se décharge rapidement et charge la bobine
L.
Une
fois le condensateur complètement déchargé, le champ magnétique de la bobine
disparaît et recharge le condensateur mais dans la direction contraire à la
charge précédente.
Le
condensateur se décharge à nouveau et fait augmenter le champ magnétique de
la bobine.
La
bobine recharge rapidement le condensateur à une crête positive légèrement
inférieure à la précédente, dû à la perte d’énergie dans la résistance
de l’enroulement et complète le cycle.
Tableau
récapitulatif des propriétés des classes d'amplification
Classe
A |
(sans
signal d'attaque, le transistor consomme la puissance VCE x IC) |
Classe
B |
|
Classe
AB |
(Tous
les amplificateurs de puissances sont aujourd’hui polarisés en classe
AB) |
Classe C |
|
Il existe beaucoup d'autres
classes d'amplification beaucoup plus exotiques faisant appel à des signaux
carrés plus ou moins modulés. Pour l'instant ceci ne nous concerne pas. Vous
en savez assez sur les classes d'amplification, essayez de retenir les
fondamentales, ce sera suffisant, surtout retenez que c'est la polarisation qui
détermine la classe.